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lieutenant Lucas, et le jour est proche où nous devrons nous séparer.

— Est-ce que la banque était grosse ? demanda Chvéïk tranquillement, ou est-ce que vous aviez peu souvent la main. Quand les cartes ne tombent pas, c’est mauvais, mais souvent c’est encore pire, c’est même un malheur quand ça va trop bien. À Zderaz il y avait un ferblantier qui s’appelait Voyvoda, et il avait l’habitude de faire une manille chez un bistro derrière le Café du Siècle. Une fois le diable s’en mêlant, il proposa à ses copains : « Si on se mettait à jouer le vingt et un, à deux sous ? » Alors, on a commencé et lui, il tenait la banque. Les autres étaient tous morts et il y avait déjà vingt couronnes en banque. Comme le vieux Voyvoda souhaitait la veine aux autres aussi, il a dit : « Si je tire un roi ou le huit, je passe la banque. » Vous ne pouvez pas vous imaginer la déveine qu’ils ont tous eue. Ni le roi ni le huit ne voulait sortir, la banque, montait et elle comptait déjà cent balles. Aucun des joueurs n’avait assez de pognon pour la faire sauter et le vieux Voyvoda suait à grosses gouttes. Il se tuait à répéter : « Si je tire un roi ou un huit, je passe la banque ! » À chaque tour, ils misaient dix couronnes qui y restaient régulièrement. Un patron ramoneur qui voyait déjà cent cinquante balles en caisse, s’est mis en colère, et est allé chez lui prendre de l’argent pour faire sauter la banque. Le père Voyvoda qui en avait déjà plein le dos, voulait même tirer jusqu’à trente pour perdre dans tous les cas, mais au lieu de ça, voilà qu’il lève deux as. Il n’a fait semblant de rien et a dit : « Seize ramasse ! » Va te faire foutre, le ramoneur n’avait que quinze. Est-ce que ça ne