Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA MAISON FABIEN FAURE


Comme Marcel était à l’âge des grandioses témérités, il songeait à couler sa race dans un moule neuf, plus conforme à la tradition et plus propre à la grandir.

« Depuis cinquante ans, se disait-il, les Français d’Amérique se sont cristallisés. Contents de la « médiocrité dorée » dont parlait Horace, ils ont laissé les autres penser pour eux, agir pour eux, s’enrichir pour eux et par eux. Notre littérature, en général, a une allure de pensum, quand elle ne patauge pas dans une originalité de mauvais goût ; en peinture, en sculpture et en architecture, nous sommes, à de rares exceptions près, des primitifs ; nos laboratoires de science sont encore à naître ; en commerce et en industrie, nous sommes en tutelle, et nous acceptons le joug économique comme un bienfait, sans songer que cette domination nous prépare, petit à petit, une armée de renégats.

« Et combien de déracinés ! Plus de deux