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MARCEL FAURE

J’ai nom Claire Dumouchel. Pour t’enlever tout doute sur la vérité de ce que t’écris, ouvre l’enveloppe ci-jointe, qui contient mon certificat de baptême et indique ma véritable origine. N’étant pas ta sœur, je t’aime d’amour depuis des années. J’observais continuellement ton regard, espérant que tu aurais l’instinct de me sentir étrangère ; mais ta dernière aventure m’a ravi toute espérance.
Tu me diras que j’aurais dû parler plus tôt. Je ne pouvais m’y décider sans avoir la certitude que tu m’aimerais. Imagine la gêne dans laquelle je me serais trouvée, si, en te dévoilant le secret, je m’étais aperçue que tu ne pouvais pas m’aimer !…
Je m’en vais. Tu ne me reverras plus. Bientôt, je serai loin, gagnant ma vie du travail de mes mains. Ne me cherche pas. C’est inutile. Je pleurerai souvent en pensant à toi.
Adieu ! Mon bien-aimé !
Claire DUMOUCHEL


La jeune fille passe dans toutes les pièces qu’elle a ornées et où elle a vécu, aimé, rêvé. Elle s’arrête devant une photographie de Marcel posée sur la tablette de la cheminée. Elle la porte plusieurs fois à ses lèvres, et, le courage lui manquant, elle pleure. Elle continue son inventaire pour mieux recueillir et emporter ses souvenirs. Elle s’attarde dans le boudoir rouge, où elle a causé plus longuement avec Marcel, où elle a lu ses plus beaux livres, où elle a espéré ses meilleurs romans. En regardant un grand fauteuil de velours, elle se rappelle le baiser qu’elle a reçu un soir de juin, quand son ami était rentré, très tard, avec Félix. Puis elle se rend à la chambre