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L’AMOUR VEILLE

Il lut d’une voix forte et bien timbrée le contrat dans lequel Didier avait signé son arrêt de mort.

Aux déclarations foudroyantes que contenait cet écrit, la démence s’empara du premier ministre. Il était là, hébété, boulonné à son siège, incapable d’articuler une parole. Les cris de « Honte ! Honte ! » tombaient sur lui comme des coups de marteau. Des galeries frémissantes pleuvaient des colères. Enfin, le service d’ordre intervint, et l’on procéda au vote.

Le gouvernement était battu par huit voix. C’était le renversement du ministère.

Quand Didier se leva, il chancelait. Sa voiture l’attendait à la porte de l’hôtel du gouvernement. Il allait y monter quand une femme l’arrêta : « Didier ! Un instant ! »

— Ah ! Germaine ! Tu es une misérable ! Tu m’as trahi ! Va-t’en !

— Je ne m’en vais pas ! Et toi, reste ! J’ai deux mots à te dire.

— Parle ! Dépêche-toi !

Alors, elle s’approcha si près de lui qu’il sentit son haleine. Instinctivement, il eut peur et il recula d’un pas. « Je suis contente de te voir tomber. Je ne croyais pas qu’on pût trouver tant de délices dans la vengeance ! Je n’ai