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rale que quand je suis resté des heures à écouter sonner les cloches de la ville d’Ys. »

Au dernier mot, les applaudissements éclatèrent. D’un bloc, la députation ouvrière et une partie des galeries se levèrent, électrisées par cette éloquence qui semblait le cri d’un monde inconnu et mieux inspiré. Puis l’enthousiasme apaisé s’effrita dans un ruissellement de murmures.

Un froid silence accueillit les premières paroles de Félix Brunelle, le leader de l’opposition. Les anti-socialistes eux-mêmes, affaissés dans la certitude de la défaite, disaient : « À quoi bon ? Ils sont le nombre. »

— Ce qui fait, ce soir, la force de nos adversaires, dit Félix, c’est l’accent de sincérité de leurs orateurs. Leurs paroles sont si convaincues, si musicales, si gonflées d’illusions généreuses, que l’Opposition, un moment perdue dans un dédale de vérités tronquées, bombardée de bulles crevantes, a été tentée d’abandonner la lutte et de crier au premier ministre :

« Sors vainqueur d’un combat dont Chimène est le prix. »

« Mais nous nous sommes ravisés. Pourquoi ? Parce qu’il y a une Chimène et qu’il y a un prix, et que nous comptons que cette Chimène et ce prix empêcheront tous les honnêtes gens