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grand goût. Aux quatre coins s’élevaient des colonnes de marbre tronquées, sur lesquelles on avait placé des gerbes de roses. Des lustres de cristal, très lourds, descendaient du plafond comme des coulées de couleurs diaphanes, et les ampoules électriques, sous les globes transparents, inondaient la table d’une lumière douce que réverbéraient l’argenterie et la porcelaine. Le maître de céans, homme d’un physique agréable et commençant à faire de l’embonpoint, était assis au centre ; à sa droite, Pauline, un peu pâle, avec un regard ardent, une chevelure ambrée, un front pur et clair ; à sa gauche, madame Bernache, grande brune enjouée, spirituelle et bonne enfant. Puis, venaient les notables, hommes et femmes, et des groupes de jeunes gens et de jeunes filles.

La beauté de Claire tranchait sur celle de ses amies. Dans ce groupe, l’œil du spectateur allait naturellement vers elle. En ce moment, elle causait avec Olivier Bernache, fils de la maison, âgé de vingt-cinq ans, intelligent, beau et riche. Il était épris de la reine de Valmont. Il se penchait vers elle, assez près pour se pénétrer de son parfum. « Mademoiselle, disait-il, parce que je vous sais très franche, je vais vous poser une question bien nette : aimez-vous quelqu’un ?