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« Nous ne sommes pas propres. Nous ne craignons pas les contacts sordides : nos quatre pattes, nous les enfonçons dans des couloirs d’égout jusqu’aux dépotoirs des amitiés compromettantes, et nous avons éprouvé l’atroce volupté d’augmenter nos acquisitions au prix de la trahison de nos amis, du mépris de nos convictions, du déchirement de nos traités, de la saignée de ceux qui nous auraient donné un baiser d’amour si nous avions su leur être fidèles.

« What we have we hold ! » Abominable devise !

« Malgré tout, nous avons droit à la reconnaissance de l’humanité. Dans les pays vierges, d’autres nous avaient précédés : ils portaient de grands flambeaux et ils allumaient dans les cœurs sauvages la flamme pourpre d’un idéal sauveur. Ils allaient de fleuve en fleuve, de plaine en plaine, avec des paroles gonflées de lumière, faisant pâlir la barbarie devant l’apparition de mystères insondables comme l’abîme et purs comme l’air des montagnes. Ils faisaient l’œuvre de la latinité. Nous sommes venus après eux partout, et là où le sol portait l’empreinte de leurs pieds précurseurs, nous avons trouvé une foi, des espoirs impérissables, des ferveurs saintes, c’est-à-dire