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les demi-civilisés

— Tu ris ? Va, je ne te blâme pas. C’est à paresser comme ça que tu fais la plus belle fille de Québec.

— Je vous en prie, mon père, ne vantez pas votre marchandise, surtout quand vous vous trouvez devant des esprits malveillants, comme chez les Ducharme, l’autre jour. Vous vantez votre fortune, vous vantez vos chevaux, vous vantez votre fille…

— Pas de bêtises, Mathée ! Je n’ai jamais mis mes chevaux avant ma fille. Habille-toi plutôt et viens avec moi. Une course.

— Non, pas de course avant que je vous aie demandé une faveur.

— De l’argent, je devine ?

— Peut-être, mais pas pour moi.

— Alors, c’est pour les autres ? Au diable, les autres ! Ils s’en gagneront. Ils feront comme ton bonhomme de père.

— Il ne s’agit pas de faire l’aumône. Une entreprise qui m’intéresse.

— Gageons que c’est un tuyau de bourse ! Mathée, tu apprendras que ces tuyaux sont mauvais. Ils ont tous craqué dans la crise.

— Non, vous ne pouvez pas savoir. Voici. Il s’agit d’un jeune homme qui se prétend capable de grandes choses, semble avoir du talent et ne fait rien, personne ne voulant de lui.

— Que veux-tu que je fasse, moi, de ton jeune homme ?