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les demi-civilisés

qu’il y a de plus tendre et de plus fort dans mon être. Je ne puis me faire à cette pensée.

— Petite Dorothée ardente, mystique et compliquée, ne joue plus la tragédie avec moi, qui suis Max et qui sais que notre amour à nous deux n’est pas mort. Reviens, comme autrefois, confiante, gaie, exubérante. Tu étais la joie de vivre. Partout où tu passais, tu versais dans les âmes un sourire. Ton regard aussi tendre que le rayonnement des roses mettait du parfum partout où il se posait. Redeviens toi-même, Dorothée !

— Je ne serai jamais plus moi-même.

— Ce soir, c’est notre premier rendez-vous nocturne. Oublions que tu as un secret et que je fus infidèle. La nuit est avec nous, complaisante, sereine, amicale, la nuit, qui, du fond de sa discrète éternité, prête son manteau de velours à ceux qui s’aiment.

— Comme tu dis ces choses, Max ! J’aime t’entendre. Tu as une voix faite pour l’amour, on dirait. Je comprends que tant de femmes aient voulu passer dans ta vie. On sent ton âme, ton cœur, ta passion, à travers tes yeux, ta voix, ton sourire, ta tristesse, tout. Il se dégage de toi un magnétisme auquel personne ne résiste, auquel personne, je crois, n’a jamais résisté. Je ne voulais pas te le dire, autrefois, de peur de te rendre trop conscient de ta force. Je te le dis maintenant, parce que tu es plus sage, du moins je le crois, et que c’est la dernière fois que nous nous voyons.

— Encore tes idées de couvent, je suppose ?