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les demi-civilisés

— Lucien, quand nous serons grands et que nous serons mariés, c’est ainsi que je voudrais être.

C’était une enfant qui parlait ainsi, devant la mer bleue, la mer salée, aux fortes senteurs d’iode, la mer chantante, lumineuse et sereine, qui prédispose la femme aux grandes passions et fait les hommes puissants.

Lucien n’oublia jamais les paroles de sa petite amie devant les flots grisants. Seize ans plus tard, c’est cette camarade d’enfance qu’il épousait. Il n’avait jamais aimé d’autre femme.

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Mes deux collaborateurs ne tardèrent pas à devenir de bons amis. En dépit du contraire de leur caractère et de leur vie, une parenté de culture les unissait. C’est avec eux que je cherchai, bien vainement d’ailleurs, à oublier Dorothée.

Un soir, Hermann fit inviter Lucien et moi-même à un « wild party » chez les Pinon. Qu’est-ce qu’un « wild party » ? Une sorte de ripaille à laquelle se livrent de petits clans de bourgeois, et où l’on se laisse