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Les Anglais, comme les Français, déploient aujourd’hui un admirable effort pour réparer des désastres… apparemment irréparables. Le vieil empire de l’ère victorienne subit les conséquences des deux guerres épuisantes des trente dernières années. Son affaiblissement s’est manifesté aux Indes, en Égypte, en Palestine, en Birmanie. Il a dû transférer aux États-Unis les responsabilités qu’il avait assumées en Méditerranée auprès de la Grèce et de la Turquie. De créancière qu’elle était, l’Angleterre est devenue débitrice. Pour relever son commerce et réorganiser son industrie, elle a dû contracter de lourdes obligations envers l’Amérique du Nord.

Les autres démocraties britanniques, nommément le Canada, l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande constituent, dans l’ensemble, une puissance considérable, mais comme elles sont dispersées aux quatre coins du globe et qu’aucune d’entre elles, prise séparément, ne sauraient jouer le rôle que remplissaient autrefois la France et l’Angleterre, il est évident qu’on ne peut leur confier le leadership de la civilisation occidentale.

En dehors des groupes français et britanniques, qui représentent peut-être le plus haut degré de civilisation contemporaine, où est le refuge suprême ? Si l’esprit de progrès et la passion de la liberté suffisaient à repousser la force brutale, on penserait tout de suite à la Scandinavie, aux Pays-Bas et même à la Suisse ; mais ce n’est pas tous les jours que David peut réaliser contre Goliath le miracle de la fronde.

Reste l’Amérique latine. De solides liens d’amitié nous attachent à plusieurs des républiques du sud ; mais outre qu’en général elles ne sont pas assez évoluées au point de vue démocratique, elles sont loin de posséder l’organisation et la puissance nécessaires à la tâche qui s’impose.

Conclusion : aux États-Unis échoit la mission de protéger et sauver la liberté et la démocratie dans le monde. C’est ce que l’humanité attend de ce pays qui, depuis plus d’un siècle, n’a cessé d’être le refuge de millions de déshérités du Vieux Monde, auxquels il offrait l’émancipation et l’initiative.

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