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Puisqu’il m’a semblé que le sang ou l’esprit vital paraissait avoir, même après la mort des oreillettes, conservé une palpitation obscure, il est permis de se demander si la vie commence avec cette palpitation. En effet, comme Aristote l’a remarqué, le sperme de tous les animaux, avec l’esprit générateur, sort en palpitant, comme s’il était un être vivant[1]. Ainsi la nature, après avoir achevé sa course, paraît revenir sur ses pas et retourner aux abîmes dont elle s’était dégagée. Et si la génération fait que ce qui n’est pas vivant devienne vivant, et que le non-être passe à l’être, de même la mort fait repasser l’être par les mêmes degrés, mais dans un sens contraire, et l’être retourne au non-être. Aussi chez les animaux les parties nées les dernières meurent les premières, et les parties nées les premières meurent les dernières.

J’ai aussi observé que presque tous les animaux ont un cœur, et non seulement, comme le dit Aristote, les grands animaux et ceux qui ont du sang, mais aussi les autres plus petits, qui n’ont point de sang, comme les crustacés et les testacés, les limaces, les colimaçons, les écrevisses, les gammarus, les squilles et beaucoup d’autres. Même sur les guêpes et les mouches, à l’aide d’une loupe qui permet de discerner les petits objets, j’ai vu à l’extrémité de leur corps, à cette partie qu’on appelle queue, un cœur battre, et j’ai pu le faire voir à quelques personnes.

Mais chez les animaux qui n’ont point de sang,

  1. De motu animalium, cap. 8.