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enfin l’oreillette droite. C’est par elle que commencent la vie et le premier mouvement ; c’est elle aussi que l’existence abandonne en dernier.

Ainsi, d’après le témoignage de nos sens, il est clair que le sang ne passe pas par la cloison du cœur, mais uniquement par les poumons, non pas quand ils sont inertes et immobiles, mais lorsqu’ils sont mus par la respiration. C’est probablement pour cela que, chez l’embryon qui ne respire pas encore, la nature a créé le trou ovale. C’est pour que le sang puisse passer dans l’artère veineuse et nourrir le ventricule et l’oreillette gauches, tandis qu’elle a fermé cet orifice chez les adolescents qui respirent librement.

Nous voyons aussi pourquoi c’est un signe mortel que les vaisseaux pulmonaires soient oppressés ou gorgés par le sang : et quand la respiration est entravée par une maladie grave les malades courent alors de grands dangers.

Nous voyons encore pourquoi le sang des poumons est rutilant et subtil : c’est pour pouvoir les traverser facilement. Faisons-le remarquer, ainsi que nous l’avons déjà dit dans notre préface, à ceux qui, cherchant la cause qui fait circuler le sang, ne croient pas que la force du cœur peut tout faire, et pensent, avec Aristote, que le sang est l’auteur de la transmission et de la production du pouls. C’est le cœur, disent-ils, qui crée les esprits et répand la chaleur vitale. La chaleur est innée dans le cœur qui est l’organe immédiat de l’âme, le lien qui réunit toutes les parties du corps, et l’agent essentiel de toutes les fonctions vitales. C’est le cœur qui est l’origine des mouvements du sang et des esprits, par sa perfection, sa chaleur et toutes ses propriétés qu’Aristote dit être analogues à celles de l’eau chaude ou de la poix bouillante.