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pas se mouvoir aussi rapidement, être aussi pénétrant et réchauffer autant qu’eux ; et cette croyance les a menés à nier qu’il y a du sang dans les artères.

Et ils tâchent, en s’appuyant sur les arguments les plus insignifiants, d’établir que le sang des artères est tout à fait différent du sang, ou que les artères sont remplies par des esprits aériens et non par du sang, malgré toutes les expériences et les raisons que Galien a opposées à Érasistrate.

Mais l’expérience précédente a suffisamment démontré que le sang artériel n’est pas aussi différent du sang veineux, et que, dans le cours du sang, les esprits ne s’en séparent pas, mais qu’ils font corps avec le sang et circulent avec lui dans les artères, comme nos sens peuvent nous le démontrer.

Toutes les fois que les extrémités des mains, des pieds et des oreilles, après avoir été rigides et froides, reprennent de nouveau leur chaleur, on peut observer que la couleur et la chaleur reviennent avec le sang ; que les veines, auparavant resserrées et oblitérées, se gonflent manifestement : en même temps que la chaleur revient, ces parties deviennent douloureuses : d’où on peut conclure que ce qui leur amène la chaleur est aussi ce qui les remplit et les colore. Or ce ne peut être que le sang, ainsi que nous l’avons précédemment démontré.

Si l’on coupe une artère un peu considérable et la veine qui l’accompagne, on peut bien voir que la partie de la veine qui est voisine du cœur ne donne pas de sang, tandis que par l’autre partie il s’écoule beaucoup de sang, et du sang seulement (comme je l’ai démontré plus haut en rapportant des expériences faites sur les artères jugulaires). Au contraire, pour l’artère, il s’é-