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flait et bouillonnait par une effervescence semblable à celle du miel et du lait, il dilaterait le poumon au point de suffoquer l’animal, ainsi que nous l’avons vu dans l’asthme grave et ainsi que l’explique Galien lorsqu’il y a obstruction des petites artères, c’est-à-dire des capillaires veineux et artériels. D’après mon expérience, lors qu’on a reconnu une suffocation asthmatique, en faisant poser des ventouses et en aspergeant subitement la poitrine d’eau glacée, on peut soulager beaucoup de malades. Peut-être en est-ce assez et même trop ici sur les esprits. Pour les définir et montrer leur nature et leurs attributs, il faudrait tout un traité physiologique. Je n’ajouterai que ceci.

Ceux qui admettent la chaleur innée comme instrument général et universel de la nature et ceux qui professent la nécessité d’une chaleur répandue dans le corps pour réchauffer toutes les parties et leur conserver la vie trouvent, et non sans raison, que les substances corporelles ne sont pas assez mobiles pour expliquer la rapidité du cours du sang, surtout dans les émotions de l’âme. Aussi, pour les mouvements de cette chaleur, font-ils intervenir les esprits comme des corps très subtils et essentiellement pénétrants et mobiles. Ils admettent que les admirables et divins phénomènes naturels proviennent de cette cause universelle, la chaleur innée. Ils regardent les esprits comme lucides, éthérés, d’une nature céleste, divine, comme les chaînes de l’âme, ainsi que la foule ignorante qui, ne comprenant pas les raisons des faits, regarde les dieux comme leur cause immédiate.

C’est pourquoi ils prétendent que c’est la chaleur naturelle qui se répand dans chaque partie du corps en passant par les artères, comme si le sang ne pouvait