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sistance des tuniques artérielles augmentent, et l’ouverture devient plus étroite et plus difficile, pour le sang qui cherche à trouver une issue. Le même fait arrive chez les gens obèses. La graisse qui est sous la peau comprimant l’orifice de la veine, le sang paraît plus ténu, plus vermeil et presque artériel. Si, au contraire, on ouvre largement une artère, le sang reçu dans un vase aura l’apparence du sang veineux. Le sang des poumons semble bien plus vermeil lorsqu’on l’en exprime que celui qu’on trouve dans les artères.

Si les artères sont vides sur le cadavre (ce qui a peut être induit en erreur Érasistrate qui pensait que les artères ne contenaient que des esprits aériens), c’est que, lorsque les poumons cessent de se mouvoir et ferment leurs pores, la respiration s’arrête ; et alors le sang ne peut plus circuler librement à travers leur tissu, tandis que le cœur continue pendant ce temps à lancer le sang dans les artères. Aussi l’oreillette, le ventricule gauche et toutes les artères se vident et, n’étant plus remplies par l’abord continuel du sang, en restent privées. Mais, si le cœur cesse de battre en même temps que les poumons cessent d’être perméables au sang, comme chez les noyés et ceux qui meurent subitement de syncope, on trouve les artères et les veines également remplies de sang.

En troisième lieu, pour ce qui concerne les esprits, leur nature, leur corps, leur consistance, leur union ou leur séparation avec le sang et les parties solides, il y a tant d’opinions, et elles sont si variées, qu’il ne faut pas s’étonner que, par un subterfuge de commune ignorance, on explique tout par les esprits dont on ne connaît nullement la nature. En effet les ignorants, lorsqu’ils ne savent pas expliquer un phénomène, disent aussitôt