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tion pour les gros vaisseaux circulatoires, on se refuse à l’admettre pour les ramifications de la troisième région, et qu’on ne veuille pas considérer la circulation comme universelle ? Comme si les veines et les gros vaisseaux qu’il nomme circulatoires ne se trouvaient pas dans la seconde région du corps et n’étaient pas compris dans cette région par lui-même et par tous les anatomistes ! Se peut-il qu’il y ait une circulation générale, qui ne comprenne pas toutes les parties du corps ? Aussi Riolan, aux endroits où il combat la circulation, est-il hésitant et timide dans ses négations tout à fait gratuites. Partout où il défend la circulation, c’est avec hardiesse et par de solides raisons, comme il convient à un philosophe. De plus, comme un médecin expérimenté et un honnête homme qu’il est, il conseille la saignée, dans les maladies pulmonaires les plus dangereuses, comme un remède héroïque, contrairement à l’avis de Galien et de son cher maître Fernel.

Si un homme si savant et si chrétien avait eu des doutes à ce sujet, il n’aurait pas voulu faire des expériences, en exposant la vie de ses semblables, ni s’écarter, sans motif suffisant, de Galien et de Fernel qui a près de lui une si grande autorité. C’est pourquoi s’il a nié la circulation dans la mésentère ou dans d’autres organes, soit pour conserver les veines lactées, soit par respect pour la vieille médecine, soit par d’autres considérations, c’est surtout par respect humain et par timidité.

Je pense donc qu’il est bien clair, d’après les paroles mêmes et les raisonnements de cet homme illustre, que la circulation est générale, que le sang se meut par tout et revient au cœur par les veines. Puisque Riolan pense comme moi, il n’est pas besoin et même il est