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le sang s’y portera en grande abondance. Il opprimera les poumons, à moins que l’on ne fasse d’abord une large évacuation sanguine pour les soulager en diminuant la quantité de sang. Telle était l’idée d’Hippocrate, qui dans l’inflammation du poumon soustrait du sang par la tête, le nez, la langue, les bras, les pieds et par toutes les parties du corps, pour diminuer la quantité totale du sang affluant dans le poumon, de manière à rendre le corps exsangue. Si, dit Riolan au même endroit, l’on admet la circulation, les poumons seront facilement dégorgés par la saignée. Si on la rejette, je ne vois pas comment on peut diminuer le sang des poumons ; car si, par la veine artérieuse, le sang cherche à revenir dans le ventricule droit, il trouvera un obstacle dans les valvules sigmoïdes, et les valvules tricuspides l’empêcheront de revenir du ventricule droit dans la veine cave. C’est donc grâce à la circulation qu’on peut diminuer le sang des poumons, en saignant les veines du bras ou du pied. Et ainsi se trouve renversée l’opinion de Fernel, que dans les affections pulmonaires il faut saigner au bras droit plutôt qu’au bras gauche. En effet, le sang du poumon ne peut revenir dans la veine cave que s’il brise les deux barrières et les deux obstacles qu’il rencontre dans le cœur. »

Et il ajoute au même endroit (liv. III, chap. vi) que si l’on admet la circulation du sang, et le passage du sang à travers les poumons, et non à travers la cloison médiane du cœur, il faut reconnaître une double circulation. L’une est entre le cœur et les poumons ; le sang sort du ventricule droit du cœur, traverse les poumons pour revenir au ventricule gauche du cœur ; en un mot il sort de cet organe pour y retourner : l’autre circulation, plus longue, s’étend du ventricule gauche du cœur á