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par la chaleur et les esprits vitaux : de même les corps vivants conservent une température modérée, intermédiaire entre les deux extrêmes, grâce à la chaleur et grâce au froid. De même que l’air inspiré tempère dans les poumons, au centre du corps, la trop grande chaleur du sang et permet l’évaporation des fuliginosités suffocantes, de même le sang plein de chaleur lancé par les artères dans tout le corps nourrit et échauffe toutes les extrémités, soutient leur vitalité et les pré serve de la mort qu’amènerait la violence du froid extérieur.

Aussi serait-il bien injuste et bien bizarre que les parties de chaque région du corps n’aient pas l’avantage de ce changement de sang et de cette circulation, quand c’est surtout pour elles que la circulation a été créée par la nature. En résumé, quoi qu’on en dise de la confusion et de la perturbation des humeurs, la circulation du sang se fait dans tout le corps et dans toutes ses parties, aussi bien dans les gros que dans les petits vaisseaux. Il est nécessaire que tous les organes en aient le bénéfice : car sans cette circulation ils ne pourraient ni recouvrer leur vitalité perdue, ni conserver leur vitalité normale. Nous voyons donc que tout l’influx de cette chaleur conservatrice vient par les artères, et grâce à la circulation.

Aussi le savant Riolan, en disant dans son Enchiridion qu’il y a des parties sans circulation, paraît parler avec plus d’adresse que de vérité ; et il semble qu’il ait adopté cette opinion par convenance, afin de plaire au plus grand nombre et de n’offenser personne plutôt que pour le noble amour de la vérité.

Il semble agir de même quand il fait passer le sang dans le ventricule gauche (liv. III, chap. viii) à tra-