Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que celles du carpe. Et si l’on songe aux énormes difficultés qu’on a pour arrêter, par des ligatures ou des compressions, le jet impétueux du sang d’une petite artère coupée ou déchirée, si l’on a vu la force avec laquelle le sang, comme s’il sortait d’un siphon, bouleverse, détruit et traverse tout l’appareil, on regarderait comme invraisemblable qu’il puisse y avoir un reflux quelconque qui lutte contre une pareille masse de sang lancée avec cette force. Aussi je pense que notre adversaire, en réfléchissant à ces faits, ne pourra admettre que le sang qui vient des artères du mésentère avec cette force et cette impétuosité rencontre le sang qui vient de la veine porte et que le sang veineux sort du mésentère par les mêmes voies qui donnent issue au jet de sang artériel.

De plus, comme ce savant anatomiste pense que le sang n’a pas de mouvement circulaire, mais que c’est toujours le même sang qui reste stagnant dans les ramifications du mésentère, il semble supposer qu’il y a deux genres différents de sang, destinés à un double usage, et, par conséquent, que le sang de la veine porte et celui de la veine cave ne sont pas les mêmes ; le premier ayant besoin, le second n’ayant pas besoin, pour vivre, de ce mouvement circulaire. Or ce fait n’est ni évident par lui-même, ni démontré.

En outre, ce savant ajoute (Enchirid., liv. II, ch. xviii) : « Il y a dans le mésentère un quatrième genre de vaisseaux, qu’on appelle veines lactées (découvertes par Aselli). » Il semble supposer que par ces vaisseaux les aliments sont extraits des intestins et arrivent au foie, qui est l’organe élaborateur du sang, et que là ils sont transformés et changés en sang. Il dit aussi (liv. IV, ch. viii) que ces aliments sont amenés dans le ventricule