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force plus grande est nécessaire. C’est pourquoi les poissons, les serpents, les lézards, les tortues, les grenouilles et autres animaux de cette espèce ont une seule oreillette et un seul ventricule : il est donc très juste de dire (Aristote, De partibus anim., III) qu’aucun animal ayant du sang ne manque de cœur. La contraction du cœur rend l’être plus fort et plus vigoureux, et non seulement l’oreillette met les sucs nutritifs en mouvement, mais elle les envoie au loin avec rapidité.

Les animaux plus grands, plus chauds et plus perfectionnés, riches en sang plus chaleureux et plus spiritueux, ont besoin d’un cœur charnu et robuste pour chasser les sucs nutritifs avec plus de force, de rapidité et d’impétuosité dans un corps volumineux et dense de tissu.

De plus, les animaux plus parfaits qui ont besoin d’un aliment plus parfait et d’une chaleur naturelle plus abondante, devaient avoir, pour mieux digérer l’aliment et le mener à sa perfection dernière, des poumons, et un second ventricule pour envoyer les sucs nutritifs dans les poumons.

Ainsi les animaux qui ont des poumons ont aussi deux ventricules, un droit et un gauche. Et, quand il y a un ventricule droit, il y a aussi un ventricule gauche : au contraire, il peut y avoir un ventricule gauche sans ventricule droit. Je les appelle ainsi suivant leurs fonctions et non la position qu’ils occupent. Le ventricule gauche chasse le sang dans tout le corps, et non dans les poumons seulement. Donc c’est le ventricule gauche qui semble constituer le