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a placé le foie sur son passage, afin que, dans les méandres de cet organe, le cours du chyle soit retardé et sa transformation soit complète. Ainsi il n’arrive pas au cœur trop tôt et sans être élaboré, ce qui entraverait le principe de la vie. Aussi chez l’embryon le foie n’a presque aucun usage. La veine ombilicale le traverse sans subir de changement, et il y a au hile du foie une ouverture ou une anastomose pour que chez le fœtus le sang qui revient des intestins ne passe pas par le foie, mais par ladite veine ombilicale, pour aller ensuite au cœur, avec le sang de la mère et du placenta : c’est pourquoi, sur un fœtus jeune, on ne peut pas encore voir le foie. Nous-mêmes, sur un fœtus humain, nous avons très bien vu tous les membres bien indiqués, et même les organes génitaux tout à fait distincts, tandis que les éléments du foie existaient à peine. Tant que les membres, comme le cœur lui-même au début de son existence, sont encore tout blancs et n’ont de coloration que dans leurs veines, on ne voit à la place du foie qu’un amas informe de sang qui est comme extravasé ; en sorte qu’on pourrait croire à une contusion ou à la rupture d’une veine.

Il y a dans l’œuf comme deux vaisseaux ombilicaux : l’un vient de l’albumen et, traversant le foie sans y subir de changements, va droit au cœur ; l’autre va du jaune à la veine porte. Dans l’œuf c’est l’albumen qui constitue et nourrit le petit ; mais c’est le vitellus, lorsque l’animal est plus perfectionné et qu’il est sorti de l’œuf. En effet, beaucoup de jours après que le poulet est sorti de