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les artères cœliaques et les grande et petite mésentériques. De là il retourne au hile du foie avec le chyle qui est attiré dans les veines par les ramifications innombrables de ces veines ; en sorte que le sang qui va de ces veines dans la veine cave a la même couleur et la même consistance que celui des autres veines, contrairement à l’opinion de beaucoup de savants : il ne faut pas regarder comme invraisemblables, dans les capillaires mésentériques, ces deux mouvements contraires du chyle en haut, du sang en bas. Peut-être ce fait est-il dû à la bienfaisante providence de la nature ? En effet, si le chyle qui n’est pas élaboré se mêlait en parties égales au sang qui est parfaitement constitué, on n’aurait pas la transformation intime et la sanguification du chyle, mais bien plutôt un mélange entre l’élément actif et l’élément passif, comme ce mélange qu’on obtient en ajoutant du vin à de l’eau ou de l’oxycrat. Mais, comme le chyle ne se mélange au sang qui s’écoule qu’en quantité très petite, la vivification du chyle peut ainsi s’opérer plus facilement, comme l’a dit Aristote : de même qu’en ajoutant une goutte d’eau à un tonneau de vin, ou réciproquement, on ne produit pas un mélange, mais on a en réalité de l’eau ou du vin, ainsi, en ouvrant les veines mésaraïques, on ne voit pas du chyme ou du chyle ou du sang confondus ou séparés ; mais par sa couleur et sa constitution, ce sang est sensiblement identique au sang des autres veines. Il s’y trouve cependant, sans qu’on puisse le distinguer, un peu de chyle qui n’est pas encore vivifié. C’est à cet effet que la nature