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state que le cœur envoie, en une heure ou deux, autant et même plus de sang.

Mais si l’on n’était pas encore persuadé, on pourrait dire que, lorsque l’artère est disséquée et ouverte, si le sang s’échappe avec violence au dehors, c’est là un fait anormal ; que les choses ne se passent pas ainsi, quand le corps est sain, et les artères pleines, sans ouverture, dans leur état normal ; que dans ce cas il ne coule pas autant de sang en si peu de temps au même endroit, et qu’il n’y a pas besoin d’y admettre une circulation. Je répondrai en renvoyant aux calculs et aux raisonnements que j’ai faits à l’autre chapitre. Toute la différence du sang contenu dans le cœur dilaté avec le sang contenu dans le cœur contracté, est lancée, et presque en totalité, par chaque contraction du cœur, dans le corps parfaitement intact et sans blessures.

Sur les serpents et quelques poissons vivants, en liant les veines un peu au-dessus du cœur, on verra se vider rapidement l’espace compris entre la ligature et le cœur, si bien qu’il faut admettre que le sang circule, à moins qu’on ne nie cette expérience. Du reste, nous expliquerons ce fait plus clairement dans la preuve de la seconde hypothèse.

Concluons en confirmant tous ces faits par un exemple auquel chacun croira ; car on pourra le vérifier de ses propres yeux. Si on ouvre un serpent vivant, on voit pendant plus d’une heure le cœur se contracter lentement, distinctement, et dans ces alternatives de raccourcissement et d’allongement, s’agiter comme un véritable ver, blanchir dans la