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ses chefs. Il s’y glisse souvent des données exactes, mais relatives à des points d’importance secondaire et qui font passer les autres. C’est d’ailleurs un excellent moyen de tromper l’ennemi sur les intentions de l’état-major. Naturellement, il faut être en parfait accord avec les autorités de son pays. Moi, je m’entendais avec l’armée britannique.

Je ne vous raconterai pas maintenant tous mes « exploits », mais seulement le dernier, celui auquel vous avez participé.

« M. 25 » a pris l’importance que vous savez, par un coup d’esbroufe… de bluff. Pour arriver à pénétrer tous les secrets, je n’ai rien trouvé de mieux que d’exiger des Boches qu’ils me confient la direction de leur espionnage dans la zone où nous sommes. Ils ont d’abord protesté. J’ai invoqué des exemples de femmes qui avaient fait bien davantage, chez eux, pendant la guerre de 1914-1918, entre autres la fameuse « Mademoiselle Docteur », qui dirigeait tout le service d’espionnage dans la zone intérieure de Belgique et qui se montrait dans ses méthodes d’une brutalité sans exemple. Enfin, j’ai tempêté et j’ai obtenu ce que je voulais. Le chef, un certain capitaine Ludwig Sudermann…

— Ah ! on le connaît celui-là ! s’écria Paul Benoît.

— Sudermann a été confiné à la zone voisine. Justement Casa-Teroni et son château se trouvent à la lisière de nos deux territoires et cette particularité a facilité ma besogne, bien qu’elle ait risqué de l’entraver.

Le secret le plus absolu était nécessaire. Voilà pourquoi je me suis tenue pendant quelques jours à Gerardino, en apparence bien inactive. En réalité, je dirigeais