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LA PEUR

précieux ; en revanche, on raillait mon incompétence en matière d’explosifs, et je l’exagérais de mon mieux : le chimiste résolut de m’instruire, ainsi que je l’avais prévu. Tout s’organisait selon mes vœux : le laboratoire souterrain fut nécessairement notre salon ; la mortelle chimie entra en jeu : l’heure approchait.

Le quatrième jour, je savais manier les bases et les acides ; sous l’œil de mes excellents maîtres, je pus confectionner trois bombes à renversement, qui furent déclarées parfaites.

— C’est un plaisir, disait Blasquez, de t’apprendre les choses : tu profites !

— Oui, je profiterai.

Vous n’en êtes plus, j’espère, à vous demander de quelle mort mes condamnés allaient périr ? Je n’en admettais qu’une, celle de leurs victimes : œil pour œil, bombe pour bombe ! Je les voulais éparpillés, eux aussi, mais avec un prélude d’interminables épouvantements, et je suis assez fier de ma trouvaille.

Il me plaisait aussi que les engins fussent mon œuvre : je dissociai les éléments de ceux