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LA PEUR

pierres pourrissaient au mur ; la flamme de nos lanternes souffrait. Diego jouissait de mon étonnement :

— Curieux, hein ?

— Admirable ! Un prisonnier qu’on tiendrait ici, on le tiendrait bien.

— Tu peux le dire, mais tu n’as pas vu la merveille !

— Vraiment ?

— Mon laboratoire… Viens.

Il fit jouer les puissantes serrures d’une porte : au grincement des pennes, le cœur me sautait de joie.

— Ceci, c’est l’antichambre, tu comprends ? pour m’isoler mieux.

— Oui.

— Prends garde : il y a huit marches à descendre. Ça glisse.

Ce vestibule ne mesurait guère que quatre mètres de large ; dans le mur qui nous faisait face, Blasquez ouvrit sa dernière porte : une pièce immense apparut.

— Voilà mon antre !

Sur des étagères, un arsenal de chimiste brillait, métal et verrerie ; trois tables chargées d’appareils, deux tabourets, deux chaises,