Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/233

Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
LA BOMBE

penser à lui, pour qu’il ne perçoive pas mon fluide ! Penser à autre chose, je ne peux pas ! Il s’aventure !… Son pied droit est sur le palier. Je me plaque au mur pour exister moins. Il est sorti ! Je l’ai !

Le taureau est mort, je suis chat ! Mon gibier examine, encore une fois, en bas d’abord, en haut après. Il a dûment constaté que personne n’est dans l’escalier.

— Va donc, crétin !

Il referme la porte derrière lui. Il descend, la main droite sur la rampe, la main qui a lancé ! Je la vois ! Je peux me pencher, à présent, pour mieux voir ! À deux mètres sous moi, la tête où l’idée de mon deuil a germé, la voilà !

D’un regard, j’ai vu tout l’homme, son vêtement, des pieds à la tête, chapeau, veste, pantalon, souliers, je connais tout, moins le gilet ; sous le rebord du chapeau, le bout de son nez pointe, et sa barbe. Je le connais, et je le reconnaîtrais entre cent mille, tel qu’il est vêtu là, du moins. Que j’entrevoie son visage, à présent !

À pas de félin, je descends derrière lui, et il ne m’entend pas… Je descends. Je le gagne