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LA PEUR

Ceci, cela, il résulte ceci, je fais cela, bravo ! Après ? Ça, tout de suite ! Et alors ? Un temps d’arrêt, doute rapide : quelle marche suivre, à présent ? Celle-là, sans hésiter, c’est la bonne, je tiens le fil ! Je tiens mon homme, s’il est encore là. Caraco ! quand je te tiendrai, si je peux te tenir, tu seras mon seul bien sur terre, mais je ne te rendrais pas pour tous les trésors de Vigo !

Premier étage, ce n’est pas ici : grimpons ! À mesure que je monte, une espèce de joie me crie que j’ai gagné, et qu’il est toujours là. Je le flaire ? Non, mais un courant télépathique s’établit entre lui et moi : il me sent venir, je le sens vivre. Ce n’est plus, comme tantôt, ma raison qui révèle et démontre la vérité, c’est ma tension nerveuse qui se rapproche d’une autre, ma sphère d’attraction qui entre dans la sienne…

Second étage. J’y suis ! Il y est, nous y sommes ! Sur le palier, deux portes, à droite, à gauche, Nord, Sud, c’est celle-ci ! Sonner, entrer ? Jamais, jamais, jamais ! Mon envie d’enfoncer la porte, l’envie du taureau, on saura la dompter, n’est-ce pas ? Je me dédouble, je suis double : le moi intelligent qui