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LE PRIE-DIEU

dans la température humide et froide du monument funéraire ; que la dame Derouville, même si l’on parvient à la sauver, ne sera pas de longtemps en état de subir un interrogatoire, etc. »

Le sieur N…, gardien attaché au cimetière, dépose :

« … La dame veuve Léon Derouville lui est parfaitement connue ; depuis le décès de son mari (octobre dernier), elle vient régulièrement au cimetière, deux fois par semaine, le lundi et le vendredi, apportant chaque fois des fleurs et procédant elle-même, avec les plus grands soins, au nettoyage étrangement de la chapelle ; le lundi 2 février, elle se présenta à son heure ordinaire, soit une heure et demie après-midi ; la neige tombait en abondance depuis le matin, et les allées du cimetière étaient absolument désertes… Se souvient d’avoir salué la visiteuse, et de l’avoir suivie des yeux, tandis qu’elle s’éloignait dans la neige, où ses pas laissaient une trace qui fut promptement recouverte ; mais il ne l’a pas vue sortir, et d’ailleurs n’y a point pris garde, supposant qu’elle avait repassé à son insu. A constaté, le soir, devant la sépulture