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LA VIE EXTÉRIEURE.

Regarde ! L’ombre bouge… Entends-tu le silence,
Le silence que font ces milliards de bruits ?
Tout se tait : c’est la mer astrale qui s’élance
Et gronde immensément dans l’abîme des nuits.


Viens ! Monte ! Enlève-toi sur la crête des vagues,
Pareil aux alcyons emportés dans leurs nids !
— Oh ! là-haut, oh ! là-bas, indéfiniment vagues.
Je vois des golfes d’or sourdre des infinis…

 
— Viens ! — J’ai peur ! — Cette lame, ô nain, c’est la première,
La seule dont notre œil devine les remous :
C’est là, mais c’est si loin qu’un rayon de lumière
Court des siècles, avant d’arriver jusqu’à nous !

 
— Loin ! Dans la perspective innombrable et confuse,
Un tranquille brouillard commence à s’azurer…
— Passe : il est si profond que l’Éternité s’use
À brûler des soleils sans pouvoir l’éclairer !