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LA VIE EXTÉRIEURE.



— J’ai crié vers la Terre : « Aïeule, ô dure aïeule !
Ô marâtre ! Du moins, si ton cœur reste clos
Au râle de tes fils écrasés sous la meule,
Et si ton vieux mépris n’entend pas nos sanglots :


« Nous diras-tu quel est le terme de la route,
Quel mystère est caché dans la nuit du trépas,
Et si c’est bien fini quand la chair est dissoute ? »
— Mais la Terre m’a dit : « Ta mort n’existe pas.


« N’être plus ! Vanité d’un germe qui croit vivre !
Présomption d’atome errant dans le plein ciel !
Orgueil stupide et fou ! Rêve de frelon ivre !
Ce n’est pas toi qui vis, c’est l’Être universel.


« L’Être total, matière et force, esclave et maître,
L’immortel incréé, le Dieu, le seul vrai Dieu,
En qui rien ne saurait venir ou disparaître
Car il est infini dans le temps et le lieu !