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LE SOIR.

— J’ignore toutes les haines ;
Je suis bon pour les mauvais,
Et je dis que je vous hais,
Moi qui peine pour vos peines.


Je dis que j’aime ma chair
Quand je sais ma chair immonde ;
J’insulte et nargue le monde,
Et tout ce qui naît m’est cher.


Je ne suis qu’un fou mystique
Épris d’un songe trop pur :
Je vis seul, derrière un mur
Bâti de terreur pudique.


On a tant ri de mon cœur
Qu’un jour j’en ai ri moi-même…
Ah ! sangloter un blasphème,
Pleurer un rire moqueur !