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MIDI.

Tandis que, ciselé sur l’écusson mouvant
Où s’abritent la source et les germes du monde,
Le nombril resplendit comme un soleil vivant,
Un vivant soleil de chair blonde !


— Magique Bouclier dont j’ai couvert mon cœur !
Égide de Vénus, ô Gorgone d’ivoire
Dont la splendeur joyeuse éblouit ma rancœur
Et rayonne dans ma nuit noire !


Méduse qui fais fuir de mon cœur attristé
Le dragon de l’Ennui dont rien ne me délivre ;
Arme de patience avec qui j’ai lutté
Contre tous les dégoûts de vivre !


Je t’aime d’un amour fanatique et navrant ;
Car mes seuls vrais oublis sont nés dans tes luxures,
Et j’ai dormi sur toi comme un soldat mourant
Qui ne compte plus ses blessures.