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et gracieuse, souple et féline, et curieuse, la seule femme qu’il eût aimée ! Et peu à peu il en vint à subir cette conjecture : « Tout cela est-il vraiment irréparable, et ne pourrait-on lui pardonner ? » Il ajouta : « …la rappeler ? »

Pardonner, c’était fait déjà ! Quand donc avait-il osé la maudire ? Il l’adorait, il la voulait, et rien de plus. À l’idée de la reprendre, il tremblait de joie et d’amour. Il ne tenta pas d’y réfléchir et d’en discuter l’hypothèse. Mais il protestait faiblement, reculait, murmurait : « Non, c’est impossible. » Sans conviction, et croyant même, tout au contraire, à la facilité d’un tel bonheur, il résistait avec la mollesse d’un enfant qui refuse un beau fruit. Tant de fois il se répéta : « C’est impossible, » qu’à la fin rien ne manqua plus, pour le persuader, que la réalisation de son vœu.

— Je l’aurais encore ! Elle s’assiérait là, je prendrais ses petites mains, elle poserait sa tête sur mon épaule, comme ceci, et je sentirais l’odeur de ses cheveux… Oh !… et pourquoi non ?

Il le tenait déjà, cet avenir ! N’était-ce pas la seule chose qui lui restât à faire, quand rien n’avait pu étouffer sa passion, que la patience et l’éloignement exaspéraient jusques à la folie ? À quoi bon se torturer, à quoi bon les vanités et les résistances d’orgueil ? La reprendre ou mourir ! Et pourquoi donc la mort, puisque l’amour s’annonçait et s’offrait ?

Il céda.