Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Que sera cette soirée sans vous ? C’est cruel et malhonnête de manquer ainsi à ses promesses… Quand partez-vous donc ?

— Demain matin, dit Arsemar.

— Attendez un jour : vous désire-t-on plus et mieux à Paris qu’à la sous-préfecture ?

Ces hypocrisies et le silence de sa complicité martyrisaient Desreynes ; il se retira sous prétexte de terminer ses préparatifs.

— On dirait qu’il t’évite, ma Jeanne ?

— Cela me semble aussi ; il est dans ses mauvais jours contre les femmes.

Elle laissa son mari pour rejoindre son amant.

Avait-elle un secret à lui dire ? Non. Mais se sentant forte, elle voulait exercer sa force, intimider cet homme et l’émerveiller par son audace, le subjuguer, l’anéantir ! Pourtant elle hésita un peu, devant la porte close et qu’il fallait ouvrir, et son cœur faiblissait ; puis, délibérément, elle entra, et ferma le battant derrière elle.

— Sortez, madame !

Elle s’assit.

— Vous me fuyez, Georges.

— Ne me laisserez-vous pas en repos, malheureuse que vous êtes ! N’en avez-vous pas fait assez ? Mais sortez donc !

— Georges, il faut que tu m’entendes.

— Non !

Elle s’approcha de lui et, câline, elle murmura :