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de l’aimer ! » Elle éprouvait l’humiliation d’une femme qui vient de s’offrir, et qu’on hésite à prendre.

Il murmura : « Vous plaisantiez… »

Pour qu’il parlât encore :

— Que dites-vous ? fit-elle,

Desreynes n’osa rien répéter et le silence les remmena à travers les allées.

— J’ai passé toutes les bornes, pensait Jeanne.

Elle avait bien honte.

— Non ! s’écria Georges, c’est impossible ! Et il parlait avec une extrême volubilité : Vous avez voulu vous moquer de moi, c’est fait, je m’humilie, vous me pardonnerez d’avoir pu un instant vous soupçonner d’une lâcheté aussi basse. À quoi servirait-elle ? Existe-t-il une femme qui en serait capable ? J’aurais dû le savoir plus tôt, mais vous raillez trop bien. Je sais que vous avez souffert, mais vous êtes bonne, au fond. Faire le malheur de ceux qui vous chérissent ! Que veut-on ? Vous voir heureuse. Pardonnez-moi. Je ferai ce qu’il vous plaira. Je resterai, si cela vous amuse, je vous le promets, je vous le jure, mais ne dites rien, ne dites rien !

Il était sincère et se jugeait fou d’avoir prêté crédit aux menaces de Merizette : son désir lui faisait une réalité de son rêve, et, du fond du cœur, il implorait pitié. Il avait pris la main de Jeanne.

— Enfin ! songeait-elle. Elle le laissait faire, soulagée et triomphante.

Il acheva de croire à une gageure d’ironie. Comme