Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

généalogie et le blason des Arsemar, pour me flatter. Je l’appelle baron Nigault, son vrai nom. ce qui le met en rage.

— Il vous aime ?

— Le demandez-vous ? Il le dit.

— Et vous l’aimez ?

— Il est trop nul !

La vertu était médiocre ; Georges hocha la tête.

— Vous savez bien que je n’aime que vous, fit Jeanne.

Elle rougit malgré elle, à cette phrase, et remua vivement ses papiers. Toujours baissée, elle ajouta : « Et vous ? » Desreynes, assez gêné, répondit :

— Mais comment donc ? Je vous adore. Est-ce que je n’aime pas toutes les femmes ?

— M. le substitut Perrenet… Rien de commun avec le peintre.

Elle fit une pause.

— Mon compatriote : parle de ses affaires, admire ses réquisitoires et ses favoris, fait des phrases myriapodes qui mettent leur mille pieds dans les plats, cherche un beau mariage et le trouvera : un imbécile, avenir sûr.

— J’en connais mille.

— Madame la sous-préfète, la Parisienne de l’arrondissement, ma rivale blonde : homme et sans maîtresse, c’est elle que je prendrais.

— Est-elle donc à prendre ?

— Naïf ! Nous sommes toutes…