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AU CLAIR


Qu’ils aillent arborant, les cieux, l’azur ou l’encre,
Le pêcheur, chaque jour en chantant, lève l’ancre.
Stoïque, il va livrer sa vie à l’océan :
Gage d’un peu de pain pour les siens, ô misère !
Il va, brave, et se sent sur l’onde qui l’enserre
Guetté par l’horrible néant.

Au sommet de la dune, ayant vu passer l’heure,
La femme — ses enfants à genoux — prie et pleure
L’homme fatalement marqué pour le trépas.
Elle réclame au moins son cadavre… Et, macabre,
La vague semble rire à sa plainte, et se cabre
Féroce, — et ne le lui rend pas.