Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amuser et faisait encore activer le feu. Enfin le 21, au matin, la ville se rendait.

La Bourdonnais en informait aussitôt Dupleix par un court billet ; mais, tout pressé qu’il fût, il avait bien soin d’ajouter qu’il avait les Anglais à sa discrétion, et que la capitulation signée[1] d’eux lui était restée, sans que l’ennemi eût songé à en demander un double. Il ne parlait point d’une rançon imposée à la ville. Pourtant cette idée le hantait toujours. Le 23, il adressait à Dupleix ces lignes : « Enfin Madras est aux Français. Il y a pourtant une sorte de capitulation signée du gouverneur ; elle ne fait, comme vous le verrez, qu’autoriser mes droits sur le sort de cette place. Pour en décider, j’ai trois partis à prendre : 1° en faire une colonie française ; 2° raser la place ; 3° traiter de la rançon. »

Après avoir énuméré longuement les raisons qui, selon lui, devaient faire repousser les deux premiers partis, il ajoutait : « La rançon de cette place est, à mon avis, ce qui convient le mieux… Je m’accommoderai avec les Anglais pour le rachat de leur ville… Le gouverneur fera des billets à terme convenu et donnera des

  1. Capitulation de Madras : Le fort et la ville de Madras seront remis le 21 septembre, à deux heures après midi, à M. de La Bourdonnais. Toute la garnison, ofriciers, soldats, le conseil et tous les Anglais qui sont dans la ville, seront prisonniers de guerre.

    Tous les conseillers, officiers, employés, messieurs anglais seront libres sur parole.

    Les articles de la capitulation seront réglés à l’amiable par La Bourdonnais, le gouverneur ou ses députés, qui s’engageront à livrer de bonne foi effets, marchandises, etc.

    La garnison sera conduite au fort Saint-David prisonnière de guerre ; et si par rachat ou rançon on remet la ville de Madras à MM. les Anglais, ceux-ci seront maîtres de reprendre leur garnison pour se défendre contre les gens du pays, mais ne pourront pas porter les armes contre la France.