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revers, réduisant ainsi la garnison à une capitulation inévitable. Il était donc nécessaire de fermer la place par un large fossé, un bon mur ; œuvre assez longue et coûteuse, l’espace à boucher se développant sur plus de deux mille mètres. Dupleix n’avait pas d’ingénieur avec lui. Les coffres de la Compagnie étaient vides. Il ne se décourageait pas. Se ressouvenant de ses études sur la fortification, il traçait lui-même le plan des travaux, il en surveillait la construction ; il puisait dans sa bourse pour y aider ; en un mot, il était à la fois l’ingénieur, l’entrepreneur et le banquier.

Dupleix en était là de son œuvre. Il avait acquitté presque toutes les dettes que la Compagnie avait contractées à la suite de la guerre de Mahé. Tout marchait donc à souhait, et ces premiers succès dans le travail de préparation d’ordinaire si difficile, l’enivraient d’espoir. Insensible au climat qui amollissait tant de courages, suppléant à tout par un travail acharné, il redoublait d’activité et de feu, lorsqu’il recevait, le 18 septembre 1743, des directeurs de Paris, — hommes timorés, qui voulaient toujours changer de chevaux au milieu du gué, — une dépêche décourageante : « L’intention de M. le contrôleur général est que la Compagnie commence par acquitter ses dettes et par restreindre ensuite son commerce, suivant ce qu’il lui restera de fonds. Les dépenses lui ont paru exorbitantes ; c’est sur quoi le ministre a donné à la Compagnie les ordres les plus précis ; elle en confie l’exécution à votre zèle et à votre prudence. Elle regardera ce service comme le plus grand et le plus important pour elle que tous ceux qu’on lui a rendus jusqu’à présent. Il y a quel-