Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

endroits où nous changions de chevaux, j’entendais des propos qui auraient lieu de flatter le plus présomptueux, mais dont, grâce à Dieu, je me suis garanti autant qu’il a dépendu de moi. Ma femme a été dans le même cas. Elle et moi nous n’osions paraître dans Lorient par l’affluence du peuple qui voulait nous voir et nous bénir. Ce sont de vraies satisfactions pour ceux qui savent tout reporter à Dieu[1]. » Ainsi la justice du peuple vengeait Dupleix des crimes de son gouvernement.

Pendant plusieurs jours Dupleix conserva l’espoir de retourner bientôt dans l’Inde et d’y rétablir l’influence française. « Je n’ai, écrivait-il, qu’à me louer du contrôleur général ; il nous accable d’attentions toutes les fois que moi et ma femme nous nous y présentons. Il nous donne à tous deux l’assurance d’une prompte expédition. La marquise de Pompadour ne sait comment marquer ses bontés à ma femme ; elle a eu déjà avec elle plusieurs conférences particulières, dont ma femme est toujours sortie avec la plus grande satisfaction[2]. »

Dupleix allait bientôt reconnaître que tout cela, ce n’était que de l’eau bénite de cour. Ses ennemis rassemblaient leurs forces pour se dresser contre lui. Les neuf années que Dupleix avait encore à vivre devaient être un long martyre.

« En arrivant à Paris, il avait présenté l’état de ses réclamations, qui se montaient à treize millions de

  1. Cartwright.
  2. Cartwright.