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mais non sans des frémissements de colère, à chasser les Français de leur position.

Lawrence restait devant Maissin, immobile, condamné à l’inaction et ne sachant trop que faire, quand il reçut de Trichinapaly un appel pressant, désespéré. Dalton, le commandant de la place, lui mandait que la garnison, réduite à un quart de ration, n’avait plus de vivres que pour quelques semaines, que tous ses efforts pour rompre l’investissement avaient été infructueux, qu’il avait succombé sous le nombre dans une dernière sortie, et qu’il serait dans l’obligation de rendre la forteresse, s’il n’était pas secouru à temps.

Sans hésiter, Lawrence, laissant à Tiravadi cent cinquante Anglais, retourna à Gondelour, chargea rapidement ses voitures et ses bêtes de somme, et à la tête de six cent cinquante grenadiers européens et de quinze cents cipayes, s’avança à marches forcées vers Trichinapaly.

Dupleix songeait déjà à reprendre Arcate, lorsqu’il apprit la résolution de Lawrence et le départ du convoi. Il ne chercha pas à le poursuivre et à l’atteindre. S’il avait le temps, il n’avait pas assez de forces pour oser se mesurer avec l’escorte ; il fallait pourtant répondre à la manœuvre de Lawrence, qui modifiait si profondément la situation. Il prit donc le parti de renforcer les troupes du Maïssour, occupées au blocus de Trichinapaly, et dans ce but il dirigea sur cette ville deux cents hommes, sous le commandement d’Astruc, en les faisant passer par Volcondapuram et Outatour, route parallèle à celle que suivaient les Anglais. Il chargea Mortiz-Ali, le nabab de Velour, à qui il confia