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millions de biens. Je les ai sacrifiés à l’honneur et à la réputation du roi et de la nation. Je ne vous en dirai pas davantage pour le présent. D’Autheuil vous dira le reste et dira vrai ; je souhaite qu’on l’écoute. »

Madame Dupleix se préoccupait d’aider au succès de la mission de d’Autheuil. Elle adressait à son neveu, pour les offrir à madame de Pompadour, de magnifiques présents, en ayant bien soin d’ajouter dans sa lettre qu’il ne fallait pas les remettre à la marquise, si celle-ci était en disgrâce.

Sur ces entrefaites, Gazendi-Kan était entré sans coup férir à Aurungabad, où il avait été rejoint par Balladgi-Rao. Les deux princes avaient de longues et fréquentes entrevues, où ils discutaient les conditions d’une alliance, quoique le Mahratte n’en continuât pas moins les négociations entamées avec Salabet-Singue. La tactique du Peishwa était simple. Il voulait se faire acheter au plus haut prix possible, et se servait des propositions faites par l’un des partis pour pousser l’autre à enchérir.

Bussy, qui avait reçu à Hyderabad, où la cour de Salabet-Singue s’était réfugiée, la lettre écrite le 22 août par Dupleix, qui dans l’action oubliait ses alarmes, avait envoyé, pour surveiller ces conférences, Saïd-Lasker-Kan, qu’on feignit de destituer de son poste de divan[1], et qui devait, à Aurungabad, prendre l’attitude d’un transfuge, venant, pour se venger, s’unir aux ennemis de son ancien maître. Le rusé musulman avait proposé lui-même ce subterfuge.

  1. Ministre.