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fait passer à Volcondapuram. Faites-lui en passer encore, et de concert avec lui, tombez sur l’ennemi. Marquez-lui comme il doit s’y prendre… Je fais ce que je puis ; je souhaiterais que chacun en fît autant. »

D’Autheuil partit le 25 avril pour accomplir avec un si faible effectif l’opération la plus difficile et la plus dangereuse. Pour réussir, il fallait que ses mouvements et ceux de Law fussent combinés avec une précision mathématique. Un retard, un moment d’hésitation, et tout était perdu. Dupleix se demandait même si l’expédition ne s’effectuait pas trop tard. Les dernières lettres de Law accusaient un accablement profond. Déjà il correspondait avec l’ennemi ; il avait avec les officiers britanniques des conciliabules fréquents. Des émissaires allaient sans cesse du quartier général à Trichinapaly, et ces démarches mystérieuses, ces intrigues ébranlaient l’esprit du soldat, qui commençait à soupçonner une trahison. Il était à craindre qu’on ne capitulât, avant que d’Autheuil fut entré en ligne.

Dupleix eût tout donné pour éviter une telle honte. Il écrivait à d’Autheuil le 21 mai : « Vous êtes sans doute à Sheringam, vous y aurez trouvé nos affaires dans le plus triste état. Si vous ne voyez pas le moyen de les rétablir, il faut faire la paix. Il faudrait d’abord une suspension d’armes. Le traité doit se faire entre Chanda-Saïb et Méhémet-Ali ; ni nous, ni les Anglais n’y devons paraître… La situation où l’avidité de Law a mis nos affaires me font penser que c’est le seul parti qui nous reste. » Déjà il avait pensé à corrompre Lawrence, chose facile selon lui, si l’on offrait un prix assez élevé pour faire taire les surexcitations de l’amour-pro-