Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marche de flanc les positions françaises. C’était évidemment jouer le tout pour le tout. Attaque dans un tel ordre de formation, il était perdu. Mais si Law restait à surveiller le chemin ordinaire, la ville était ravitaillée. Le succès couronna l’audace de Lawrence. En arrivant près des éminences qui s’élèvent au sud de Trichinapaly, au rocher appelé le Pain de sucre, il fut rejoint par deux cents hommes de la garnison. Ce fut à ce moment-là que Law détrompé se présenta pour assaillir l’ennemi.

Lawrence et Clive s’arrêtèrent aussitôt et formèrent leurs troupes en ordre de bataille, pendant que le convoi filait sur la ville. Law, voyant la jonction faite, refusa de s’engager sérieusement. Tout se borna à une canonnade plus bruyante que dangereuse.

Law rentra au camp affaissé, dans une prostration complète, jugeant tout perdu. La vue des collines escarpées qu’on occupait, la force des positions, la protection des retranchements, dont la solidité permettait de repousser tous les assauts de l’ennemi, l’attitude du soldat, qui, quoique mécontent, n’était pas ébranlé et n’aspirait qu’à se battre, la chance presque certaine d’infliger aux Anglais une défaite sanglante, s’ils osaient assaillir nos lignes, les exhortations de Chanda-Saïb et des officiers ne purent réveiller l’énergie dans le cœur du général. Il était comme affolé. L’idée de se retirer dans l’île de Sheringam le domina entièrement. Il était depuis deux jours absolument inerte, renfermé dans sa tente, quand les Anglais firent un détachement de quatre cents hommes, pour surprendre les quartiers de Chanda-Saïb. Le commandant des troupes britanniques,