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masses dont on disposait, écraser l’escorte et capturer le convoi. Dupleix, dans les instructions qu’il donnait à son général, insistait fortement sur la nécessité de cette manœuvre, et, pour la faciliter encore, il lui expédiait des renforts nombreux. Il fit partir en hâte les Français, Topazes, Portugais et cipayes armés de fusils, qui composaient la garnison de Gingi. Il leur donna Tordre de marcher de nuit et de doubler les étapes, d’arriver enfin au camp de Law avant que l’ennemi fût à plus d’à moitié chemin de Divicotta à Trichinapaly.

Law parut d’abord comprendre l’importance de ce mouvement ; il se déclara prêt à s’avancer au-devant des Anglais et à faire son devoir, puis tout à coup se montra hésitant, plein de doutes sur l’issue de l’entreprise. Des projets absurdes lui passaient par la tête, qui lui tournait littéralement. Un jour, il envoyait à Dupleix un mémoire pour lui remontrer la nécessité de se retirer avec toute l’armée dans l’île de Sheringam, où l’on serait « dans une belle concentration » et en sûreté. Le lendemain, c’était une autre proposition pour envoyer un raid de cavalerie dans le Maïssour, moyen infaillible, selon lui, d’arrêter net l’élan de Clive, inquiet d’une diversion si grave. Et puis il émettait la crainte de voir arriver au secours de Méhémet-Ali Balladgi-Rao, le Peishwa des Mahrattes, entraînant derrière lui une nuée de cavaliers. Dupleix tomba des nues à cette lecture ; il opposa à de telles chimères les conseils de la raison. « Je ne trouve que de l’indécision dans ce que vous me marquez, lui écrivait-il. Le feu de l’imagination vous présente trop d’objets, et vous ne vous attachez à rien de sérieux. Avant que d’en venir à une retraite à