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de la colline de l’est, la plus rapprochée de la place, et qu’on appela dès lors le Rocher français. On y éleva des batteries, qui commencèrent aussitôt le bombardement de la ville.

Dupleix attendait avec impatience des nouvelles de l’attaque. Malgré ses ordres, à son grand désespoir, elle n’eut pas lieu. D’Autheuil n’était même plus en état de répondre aux lettres de son ami, qui l’adjurait d’agir. Absorbé par la maladie, il lui restait à peine la force d’écrire pour demander son rappel. Il le faisait dignement. Cette nécessité de se séparer d’un homme dont le sang avait coulé pour cimenter l’édification de la puissance française dans l’Inde, affectait douloureusement Dupleix, qui, tout en faisant la part des lenteurs inhérentes au caractère du vieux général, savait bien qu’il ne trouverait jamais un serviteur plus honnête et plus dévoué. Cependant il fallait le remplacer, et il y avait une extraordinaire pénurie d’officiers. L’opinion désignait Law, le neveu du célèbre financier. Dupleix le choisit ; ce fut une de ses plus cruelles fautes.

Law avait montré de l’énergie et de la vigueur au siège de Pondichéry. La grande situation de son oncle l’avait mis en relief. On le croyait plein d’idées ; au conseil, avec de la facilité de parole, il manifestait de la hardiesse dans les vues et de la décision. Au fond, c’était une nature vulgaire ; sa hardiesse n’était que de l’arrogance, sa décision que de la vanité. Un peu d’étude, une vigoureuse mémoire, un peu de tact, beaucoup d’outrecuidance, lui servaient à masquer le vide de l’esprit. Dans le commandement, il apparut ce qu’il était réellement, le plus entêté des incapables. Il ne vit