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Au bruit du canon, le compagnon de Dupleix, quoique malade de la goutte, retrouva son énergie. Il fit une défense terrible, et les Anglais, écrasés, en proie à une panique honteuse, s’enfuirent, abandonnant leurs alliés et leur artillerie. Ce soubresaut de vigueur s’éteignit chez d’Autheuil avec les dernières rumeurs du combat. Il laissa l’ennemi se retirer tranquillement. C’était pourtant le cas ou jamais d’obéir aux instructions de Dupleix, de poursuivre l’Anglais l’épée dans les reins ! Rien n’était plus facile que de l’empêcher de se rallier, de le couper de Trichinapaly et de le rejeter sur Saint-David. On terminait ainsi la guerre. L’Angleterre, les cinq cents hommes de Gingen anéantis, ne pouvait plus mettre une compagnie en ligne. Il ne lui restait plus que la garnison de Trichinapaly, les cent quatre-vingts soldats de Cope ; car pour cette expédition on avait entièrement vidé Madras et Saint-David. Méhémet-Ali était hors d’état de résister. La chute de Trichinapaly, le prétendant prisonnier, tel était le prix d’une poursuite vigoureuse. La fortune nous offrait une dernière fois le moyen de tout terminer, et tout échoua, parce qu’un général avait la goutte, qu’aucun officier n’était digne de le suppléer, et qu’enfin Chanda-Saïb, malgré son impétuosité, n’osait rien entreprendre sans l’aide des Français. Les Anglais, chargés des imprécations des partisans de Méhémet-Ali, gagnèrent Trichinapaly, où ils se réorganisèrent.

Trichinapaly, qui commande d’un côté la route du Maïssour et du Tanjore, de l’autre toute la partie méridionale de Carnate, est bâti à un demi-mille de Cauveri,