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du soir, Bussy et Kerjean. Il devait y avoir une éclipse de lune. Ragnoldas remontra à Bussy que les Mahrattes, selon leur usage, passeraient la nuit à battre leurs cymbales et à crier après le dragon qui dévorait l’astre, qu’ils ne se garderaient point, qu’ils étaient campés imprudemment à une lieue en arrière du camp, derrière un monticule qui abriterait notre mouvement, que rien n’était plus facile que de les surprendre. Bussy donna aussitôt l’ordre de rassembler les troupes, qui se mirent en marche. La surprise fut complète. Le feu de l’artillerie et de la mousqueterie causa à l’ennemi des pertes cruelles. Il ne fallut qu’un quart d’heure pour renverser le camp ennemi. Les Mahrattes ne résistèrent pas, et, sautant sur leurs chevaux, qu’ils n’avaient pas eu le temps de seller, s’enfuirent au hasard. Balladgi-Rao, sans vêtement, se sauva à pied, et au moment d’être pris, rencontra un cheval abandonné, dont la vitesse assura son salut. « Si, au lieu de canonner le camp, on l’eût, dit Kerjean, emporté à la baïonnette, rien n’eût échappé. » Le butin fut immense. Ces deux défaites détruisirent le prestige des Mahrattes.

Quelques jours après, les seigneurs hindous, piqués de nos victoires, voulurent attaquer Balladgi-Rao. Celui-ci chargea vigoureusement leurs troupes et les culbuta. Elles se rejetèrent sur Vincent et ses grenadiers, qui, noyés dans ce flot de fuyards, furent entraînés un moment dans la déroute, perdant deux canons. Vincent rallia ses soldats, qui marchèrent de nouveau contre l’ennemi, en le couvrant de feu. Ils réussirent à reprendre les pièces dont les Mahrattes coupaient les bricoles, mitraillèrent cette cavalerie et la mirent en fuite. Ils